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L'Âme arménienne
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12 janvier 2007

Débat en Allemagne

Hakki Keskin, député au parlement du Parti de gauche et ancien président du Conseil central des Turcs d'Allemagne, a plusieurs fois tenu des propos négationnistes concernant le génocide arménien. Il a par exemple écrit qu'un "désir supposé et ciblé de destruction de la part de l'Empire ottoman" n'était pas historiquement prouvé, et va ainsi dans le sens contraire du travail de recherche des historiens indépendants, et du jugement de 1919 (à Constantinople) qui avait condamné par contumace les principaux organisateur de ces massacres.

Le vice-président du parti, Bodo Ramlow, comprend, même si pour lui il n'y a pas de doute sur la réalité des faits de 1915, la position de Keskin en tant que représentant des Turcs en Allemagne. Il a même déclaré qu'"une prise en considération plus importante de la souffrance de la population turque [durant la première guerre mondiale] serait souhaitable".

« Il y a une imposture morale doublée d’une falsification de la réalité à mettre en comparaison les souffrances des populations turques du fait de la guerre - souffrances communes à tous les peuples - avec le déchaînement de haine et de barbarie que fut le génocide des Arméniens. C’est une posture typique de la démarche négationniste qui est également employée par les négateurs d’autres génocides » a déclaré Laurent Leylekian.

Yildiz Köremezli-Erkiner, conseiller municipal d'origine turc réagit et conteste les propos de Keskin.

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Junge Welt du 23.12.2006


Hakki Keskin fidèle à lui-même

Je voudrais tout d’abord clarifier le fait que Hakki Keskin de par son attitude concernant l’histoire de la Turquie n’est en aucun cas mon représentant. Je suis également d’origine turque, et en tant que conseiller municipal d’une grande ville, j’ai également une responsabilité politique envers les migrants/migrantes d’origine turque. Mon avis sur ce débat n’est pas, comme veut le dire Keskin, si l’Empire ottoman a eu un désir ciblé d’extermination. En Turquie, vivaient un peu plus d’un million d’Arméniens qui grâce à diverses méthodes ont été contraints de quitter le pays, et ce faisant beaucoup sont morts. Sur ce point, il n’est plus important de savoir si c’était voulu ou non, si cela s’appelle un génocide ou non, si cela s’appelle la création d’un État national homogène ou quelque chose d’autre. Les Arméniens ne vivent plus depuis longtemps en Anatolie et en Turquie, et avec la majorité des migrants/migrantes d’origine turque qui vivent en Allemagne, on ne peut toujours pas parler ouvertement et de façon compétente des raisons de leur perte.

De quoi ont-ils peur, je me le demande toujours. Pourquoi ne peut-on pas en parler ouvertement jusqu’à aujourd’hui, et exiger une mémoire appropriée ? Pourquoi les enfants turcs n’apprennent-ils absolument rien à l’école, sur les habitants de l’Anatolie, sur ceux qui y vivaient avant que les Turcs n’arrivent et pourquoi ils ont disparu aujourd’hui ? Pourquoi cela représente-t-il toujours une menace pour eux ? Peut-être pensent-ils que nous pouvons inventer une vérité qui corresponde à nos besoins ?

Il y a 100 ans, l’Anatolie était composée de diverses religions, langues et ethnies et cette diversité était une richesse qui n’existe plus de nos jours. La variété s’est perdue, car une conception de culture homogène a pris sa place. Cette conception a été et sera toujours accompagnée de pressions et de contraintes.

Il est incontestable que plus d’un million de gens, qui à l’époque de l’Empire ottoman appartenaient au peuple arménien, de par les déportations entre autres dans le désert syrien, et de par les massacres conjoints ont trouvé la mort. Pour moi et pour de nombreux migrants/tes de gauche et d’origine turque, cette perte s’exprime par une profonde tristesse.

Je suis également très déçu qu’aujourd’hui encore une majorité de gens en Turquie comme en Allemagne se conduise de façon non critique et oublie l’histoire. Qu’elle ne cherche pas à comprendre pourquoi et comment cette richesse culturelle a pu se perdre. Au lieu de cela, règne une culture de négation de la réalité, d’inversion des faits et une interdiction de deuil. À mon avis cela est aussi un obstacle à l’organisation du futur.

En tant que parti politique allemand de gauche, d’origine turque, nous portons une responsabilité quant à l’histoire de notre patrie et nous devons porter notre fardeau, et briser cette culture négationniste. De même, nous portons pour le futur une responsabilité en Allemagne. Lorsqu’ici nous nous battons contre le racisme et le nationalisme, nous devons également faire de même avec la politique turque et notre politique pour le peuple d’origine turque en Allemagne.

Il n’y a que de cette façon que nous serons crédibles !


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>> Collectif VAN


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