Compte-rendu du 92e anniversaire du génocide
24 avril = journée de commémoration du génocide arménien de 1915
24 avril 2007 = 92 ans et toujours pas de reconnaissance par la Turquie
Cette
année la commémoration était placée sous le signe de la solidarité envers les autres peuples qui ont subi un génocide :
Juifs, Tutsis, Darfouris (sous nos yeux, déjà 400000 morts).
Le matin, l’hôtel de ville de Paris avait organisé une
cérémonie en hommage aux victimes du génocide arménien à lquelle ont assisté
1000 personnes (sur invitation). Bertrand Delanoë a inauguré il y a quelques
jours la place Chavarche Missakian. Il a également annoncé une place « Hrant
Dink » à Paris.
A 15h, un monde fou, comme d’habitude, se presse aux
portes de l’église arménienne de la rue Jean Goujon. L’église étant trop petite
la moitié se trouve à l’extérieur, sur les trottoirs et la rue.
La messe de requiem terminée, direction la place du
Canada, au pied de la statue de Komitas (érigée en mémoire des 1500000 victimes
arméniennes entre 1915 et 1917. Des gerbes de fleurs sont posées autour du
portrait de Hrant Dink à qui cette journée était aussi dédiée (« 1500000 + 1
victimes »).
Là attendaient déjà des centaines de personnes. Le
prêtre prie, avec à ses côtés Patrick Devedjian.
Commencent ensuite les prises de paroles.
- Alexis Govciyan, président
du CCAF (Conseil de Coordination des
organisations arméniennes de France) avec la famille de France de Hrant Dink
très applaudie. Il a rappelé la nécessité d’une loi sur la pénalisation du
négationnisme du génocide arménien en France « pour protéger la dignité
des descendantsla Turquie, pour arrêter
l’insulte faite à l’humanité entière avec ce négationnisme, pour dire non à la Turquie qui menace encore
aujourd’hui la sécurité de l’Arménie car tant que le génocide ne sera pas
reconnu, tant que la Turquie n’aura pas réparer
les conséquences de ce crime, l’Arménie sera en danger et sa sécurité sera
menacée. »
- Patrick Devedjian, «
enfant du génocide ». Il a insisté sur le fait que « le génocide ne peut
pas s’oublier et tant que ceux qui descendent de cet Etat qui a commis cela ne
l’aura pas reconnu, nous ne pourrons pas vivre normalement avec cette histoire.
[…] Nous sommes inguérissables du génocide. »
Il a rappelé que la Turquie
organise en France (et ailleurs) la négation du génocide, « par des
manifestations, par des actes politiques, par des actes illégaux ».
« Nous voulons vivre dans la paix et dans
l’épanouissement de notre culture, et dans notre culture il y a le génocide. Le
génocide a été si lourd, si grave, que toute notre littérature, que toute notre
musique, que toute notre sensibilité, que tout ce que nous sommes est aussi
définis par le génocide, et notamment parce qu’il n’est pas reconnu et qu’il
est en notre cœur comme un immense déni de justice qui nous tient debout.
»
« Nous ne voulons pas que la Turquie nous persécute ici en France en conséquence de ce qu'ils ont fait à nos parents car nier le génocide c’est le poursuivre, c’est s’en affirmer en réalité complice, en tous les cas le cautionner, et le cautionner ici pour des citoyens français que nous sommes, c’est une atteinte à notre liberté de citoyen, et donc nous demandons à la République française, si large, si accueillante, de nous protéger contre les assauts d’une puissance étrangère qui vient nous troubler dans notre citoyenneté française ».
Il était également ici au nom de Nicolas Sarkozy qui souhaite que la
loi adoptée par l’Assemblée nationale aille au terme de la procédure
législative, au Sénat. Et bien sûr, se positionne contre la Turquie en Europe.
Devedjian termine en disant que les Etats-Unis seront sans doute les
prochains à reconnaître le génocide arménien et dans ce cas, la Turquie devra changer
d’attitude.
- François
Rochebloine, représentant l’UDF, et qui soutient depuis
longtemps la cause arménienne en tant que président du groupe d'amitié
"France-Arménie", n’a pas été très applaudi cette année en raison du
positionnement de François Bayrou sur la question de la loi de pénalisation.
Mais il s'en détache puisqu'il soutient l'adoption de la loi.
- Représentant d’ Olivier Besancenot
- Représentant de Marie-George
Buffet
- Représentant de Jean-Paul Huchon
Le
cortège peut à présent se diriger vers les Champs-Élysées où se trouve l’annexe
de l’ambassade de Turquie, sous les slogans comme :
« Justice
Justice pour le peuple arménien, 24 avril, génocide arménien »
« Turquie
assassin »
«La Turquie
nie, la Turquie
tue,la Turquie
continue »
Arrivés
aux Champs, un message écrit de Ségolène Royal nous est parvenu (le
représentant du PS, François Hollande n’a pas pu nous rejoindre à temps…).
On nous
annonce que l’on a été entre 7 et 8000 manifestants.
Enfin, la manifestation s’est achevée sur les mots de Mourad Papazian,
de la FRA
Dachnaktsoutioun
L’hymne arménien (Mer Hayrenik) et la Marseillaise ont été
joués et entonnés par les manifestants.
Partout
dans le monde s’est déroulé cette commémoration. Au Etats-Unis, dans sa
traditionnelle allocution du 24 avril, Bush s’est gardé une fois de plus de
prononcer le mot « génocide ». En Arménie, une immense foule a manifesté avec
des drapeaux de tous les pays ayant reconnu le génocide arménien à travers le
monde.