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L'Âme arménienne
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22 février 2007

La réponse de l'ambassadeur Evans

>> La vidéo qui révèle la vérité sur l'ambassadeur Evans (collectif VAN)

 

John Evans, ambassadeur américain en Arménie, avait été démis de ses fonctions, après avoir reconnu publiquement le génocide arménien de 1915, lors de sa visite à Fresno en février 2005. Quand, dans le public, un homme demande pourquoi les officiels arméricains évitent d'utiliser le mot "génocide" pour évoquer ces massacres, Evans a eu une réponse qui lui a valu son poste. La vidéo, prise par un particulier, a été retrouvée. Voici la traduction de sa réponse, parue dans l'éditorial de The California Courier du 22 février 2007. 

 

"J’accepte votre défi. Laissez-moi tout d’abord dire que jamais un officiel américain n’a nié les événements de 1915. De fait, les archives du Département d’État sont remplies des rapports de l’Ambassadeur Morgenthau, [et] des rapports de ses consuls, dont certains lui ont été envoyés codés, car les Turcs à cette époque interféraient dans les communications diplomatiques.

 

"J’ai lu énormément. J’ai fait des études sur l’histoire ottomane, il y a quelques années. Lorsque j’ai appris que j’étais muté à Erevan, je me suis mis à lire les livres de l’Ambassadeur Morgenthau. J’ai également lu les deux volumes de l’histoire du Prof. Richard Hovannisian. J’ai lu plusieurs autres rapports sur lesquels je m’appuie pour dire ce que je dis ce soir, c’était vraiment un acte de génocide [applaudissements soutenus du public].

 

"À présent, laissez-moi brièvement être très clair sur ce que je viens de dire. J’ai appelé ‘la chose’ par son nom. C’est une expérience douloureuse, je le sais, pour tout le monde, et je pense que presque toutes les familles arméniennes qui n’ont pas eu la chance d’atteindre ces côtes avant 1915, en ont été d’une façon ou d’une autre affectées.

 

"J’utilise ‘le mot’ ce soir, parce que c’est ce que ce fut. Si vous regardez les critères définis par la Convention sur le Génocide de 1948, cela correspond. Avant de partir à Erevan, je suis allé parler au Département juridique du Département d’État. Il y avait là un avocat qui avait pour triste travail celui de traiter du sujet des génocides, passés et malheureusement présents. Je lui ai demandé : Ne serait-ce pas le cas, si la Convention avait existé en 1915, qu’il aurait correspondu aux critères?’ Il a dit, ‘Oui’. Maintenant, il y a un élément, si vous regardez les critères de la Convention sur le Génocide, un seul élément qui a été insaisissable, et c’est l’élément de l’intention qui doit être là.

 

"Je sais que nombre d’entre vous ont sans doute entendu parler de ce processus imparfait, le TARC -- La Commission de Réconciliation Turco Arménienne. Elle a été fondée par le Département d’État. Je suis prêt à admettre que ce processus a été sans aucun doute imparfait. J’ai parlé à David Phillips qui vient juste d’écrire un livre à ce sujet. Mais ce qu’ils ont réussi à faire dans ce processus, fut d’aboutir à une opinion légale qui faisait que, de fait, ces événements devaient être appelés génocide. À cette époque, les avocats qui étudiaient cela ont fait remarqué que la Convention n’était pas en application au moment des faits et ne pouvait s’appliquer rétroactivement. Donc, si nous pouvons l’appeler comme cela, il existe cependant des dispositions, dans la Convention, qui ne peuvent être appliquées.

 

La règle générale dans la loi internationale est que les conventions sont fixées par les États qui les signent, et qu’elles lient ces États pour le futur. Elles n’ont pas d’effet rétroactif. Je sais également que certains juristes internationaux ne sont pas d’accord avec cela. Mais pour la plus grande partie de l’opinion internationale, une convention de ce genre ne peut être appliquée rétroactivement.

 

"Je serai un insouciant, si quelqu’un quittait cette pièce ce soir, avec l’idée que le gouvernement des États-Unis a changé sa politique d’application de la Convention sur le Génocide. Il n’a pas changé! Mais je me suis engagé sur cette question aussi honnêtement que je le pouvais, aussi franchement et d’une manière aussi sensible que nous le pouvions. Je crois que nous devons les uns les autres, en tant qu’Américains, discuter de cela sans jouer, sans jouer à ‘Je t’ai attrapé!’

 

"Et maintenant, quelqu’un peut sortir d’ici ce soir et peut déformer mes propos, et je pourrai perdre mon poste. Je sais que je prends un risque, car je suis en avance sur d’autres éléments du gouvernement des États-Unis dans ma façon de traiter ce sujet. Mais je suis profondément convaincu que ce que je fais est juste, en parlant avec vous de ce sujet.

 

"Je crois que 90 ans c’est trop long pour nous, pour ne pas discuter de ce sujet et pour ne pas appeler les choses par leurs noms [applaudissements soutenus du public]."

 

- il reconnait publiquement le génocide
- il affirme que jamais un officiel américain n'en a nié la réalité (ce qui est sûrement vrai, mais la question est qu'ils évitent de prononcer ce mot)
- dans les faits c'est un génocide car ces massacres correspondent aux critères de la Convention de 1948, mais celle-ci ne peut s'appliquer rétroactivement
- il a prédit son renvoi pour avoir parlé de génocide

 

Les Etats-Unis ne nient pas le génocide, mais en font un sujet tabou, au point de renvoyer un ambassadeur pour en avoir parlé, pour ne pas offenser la Turquie.

 

En tout cas, aujourd'hui la proposition de résolution sur le génocide arménien est en cours de discussion. La plus grande peur de la Turquie en ce moment c'est l'adoption de cette résolution.

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