Liberté de la presse
PARIS, 19 juil 2005 (AFP)
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Reporters sans frontières
(RSF) s'inquiète mardi dans un communiqué du sort d'un
journaliste d'origine arménienne, Hrant Dink, menacé, selon
l'organisation de défense de la presse, de trois ans de prison,
pour "insulte à l'identité nationale turque".
Selon RSF, Hrant Dink, directeur de publication de
l'hebdomadaire bilingue turc-arménien Agos, dont le procès a
débuté le 7 juillet, est accusé par le tribunal correctionnel Sisli
d'Istanbul d'"insulte à l'identité nationale turque".
Son procès fait suite à la publication d'un article
intitulé "Faire la connaissance de
l'Arménie", publié le 13 février 2004 dans ce
journal. "A trois mois de l'ouverture des
négociations de la Turquie avec l'Union européenne, nous
constatons qu'un journaliste risque une peine de prison pour
avoir évoqué la question du génocide arménien et que ce tabou
constitue une entrave persistante à la liberté d'expression en
Turquie. Par ailleurs, les formulations vagues
que contient le nouveau code pénal nous inquiètent car
n'importe qui peut les utiliser abusivement pour s'en prendre à
des journalistes s'exprimant sur des sujets sensibles, tels que le
génocide arménien ou le
retrait des forces armées turques
de Chypre", a déclaré RSF.
Selon l'organisation,
Hrant Dink évoquait dans son article la mémoire collective
arménienne, marquée par le génocide de 1915. Il invitait les
Arméniens à "se tourner maintenant vers le sang neuf de
l'Arménie indépendante, seule capable de les libérer du poids de
la Diaspora", les incitant à rejeter symboliquement "la
part altérée de leur sang turc".