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L'Âme arménienne
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18 novembre 2004

Interview de Laurent Fabius

(Nouvelles d'Arménie Magazine novembre 2004)

NAM: Quels sont les arguments qui fondent votre « non » à l’entrée de la Turquie en Europe ?

L.F: [...]
S’agissant de la Turquie, il est évident qu’elle ne remplit pas les critères de démocratie indispensables. Notamment [...] la reconnaissance du génocide arménien qui connaît [...] une situation aggravée par le nouveau code pénal turc.

Il y a le problème du droit des minorités, du respect des droits de la personne humaine, un point auquel nous sommes très attachés.
Autre aspect important : le facteur géographique une grande partie de la Turquie ne se situe pas en Europe[...]. Quelle conception a-t-on de l’Europe ? Veut-on ce que j’appelle une « Europe puissance », avec une cohésion économique, sociale,politique, ou bien une simple zone de libre-échange ?
Il faut aussi prendre en compte les questions économiques et financières, qu’on ne peut pas négliger. La commission de Bruxelles estime à plus de 20 milliards d’euros par an le financement qui serait nécessité par une adhésion de la Turquie alors même que toute une série d’Etats, dont la France, demandent à mon avis à tort, une limitation, voire une baisse du budget de l’Union européenne.
la formule du partenariat me parait bien préférable.


Comment caractérisez-vous ce processus qui semble devoir nous emmener inéluctablement vers l’ouverture des négociations avec la Turquie ?

[...] Il y a eu à Istanbul, entre le 14 et le 16 juin 2004, la 31e réunion des ministres des Affaires étrangères de l’OCI, l’Organisation de la Conférence Islamique qui comprend toute une série de pays. C’est le gouvernement turc qui recevait les participants. Ils ont adopté à la fin de la conférence une déclaration comportant de nombreux points. Et dans le point 62 on peut lire ceci : « La conférence a appelé à s’abstenir de toute utilisation de l’universalité des droits de l’homme comme prétexte pour s’ingérer dans les affaires intérieures des Etats et porter atteinte à la souveraineté nationale. La conférence a dénoncé la décision de l’Union européenne, concernant la condamnation de la peine de la lapidation et des autres peines qualifiées d’inhumaines, et qui sont appliqués dans certains Etats membre en vertu des dispositions de la charia ». Etrangement cela n’a pas été relevé. Il y a là un vrai problème quand on aborde la question des droits de l’hommeet de la femme. [...]


Du point de vue simplement éthique, et au regard de l’histoire, ne pensez-vous pas qu’il serait discutable qu’il puisse y avoir une Europe avec la Turquie intégrée, et sans l’Arménie ?

L’Europe ne pouvant avoir une extension indéfinie, il est préférable d’avoir des partenariats, et bien évidemment, l’Arménie doit en faire partie. [..] Je pense qu’il n’est pas possible d’entrer dans des discussions approfondies – permettant de déboucher y compris sur la solution du partenariat – sans que cette question [du génocide arménien] n’ait été clarifiée et réglée. Les dernières déclarations officielles que j’ai lues de la part du gouvernement turc sur ce sujet ne marquent pas d’inflexion.

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